Il y a 50 ans, le général de Gaulle s’opposait à l’entrée de l’Angleterre dans la CEE

Récemment, j’ai émis quelques commentaires relativement aux «ambitions» du président Donald Trump visant à réformer les règles régissant le commerce mondial. En résumé, les règles mises en place par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) seront «remodelées» afin d’avantager à nouveau le commerce américain.

Bien sûr, au moment où les premiers accords du GATT (acronyme anglais pour désigner l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, l’ancêtre de l’OMC) ont été mis en place après la seconde guerre mondiale, le commerce était l’affaire des entreprises américaines qui exercaient un monopole sur le commerce mondial. Cependant, avec l’arrivée en force de la Chine et du bloc européen, eh bien l’avantage est moins grand pour les Etats-Unis: donc, on change les règles pour reprendre le «haut du pavé». Voilà qui risque d’induire de grands bouleversements durant l’année à venir.

Mais ce n’est pas tout: le Brexit, à son tour, risque d’induire des perturbations majeures sur le marché européen, en premier lieu, et sur le marché mondial dans la mesure où Londres est devenue une place financière de premier plan, égale à New York et plus importante que Hong Kong ou Singapour grâce au marché commun européen.

Il importe de préciser que, dès son entrée dans le marché commun européen en 1975, l’Angleterre a bénéficié de son adhésion pour s’accaparer tout le secteur de la finance régissant le bloc européen. Ainsi, toutes les obligations émises par les gouvernements, toutes les politiques monétaires de la Banque centrale européenne (BCE), la grande majorité du financement des entreprises passent par la «City» (Londres) qui agit comme courtier pour tout le secteur financier européen.

On aura noté au passage, malgré le fait que l’Angleterre ait conservée sa monnaie et rejetée l’euro, que cela ne l’a nullement empêchée de devenir la principale plaque tournante du secteur financier européen. Ce qui permet à nombre de politiciens d’affirmer que «l’Angleterre a toujours eu un pied dedans [l’Europe] et un pied dehors en même temps». Bref, l’Angleterre s’est taillée une place privilégiée dans le secteur financier européen tout en demeurant à l’écart des politiques monétaires mises en place par la BCE. Ce qui lui a valu son surnom de «perfide Albion», un acronyme désignant un acteur qui joue sur tous les tableaux au gré de ses intérêts du moment.

Ainsi l’Angleterre a choisie de quitter le marché commun européen et de mettre fin à l’union douanière par son vote sur le Brexit. Par ailleurs, la City souhaite bénéficier d’un «statut particulier» afin de maintenir et consolider Londres comme première place financière européenne. Cependant, les autres capitales européennes – Francfort, Paris, Rome,… (qui ont tenté par le passé d’éliminier la City (puisque l’Angleterre ne faisait pas partie de la zone euro) comme place financière européenne) sont aujourd’hui avantagées pour accueillir les entreprises qui veulent poursuivre des activités financières sur le lucratif marché européen.

A l’évidence, les européens ne vont nullement accorder un «statut particulier» à l’Angleterre et il est à prévoir un transfert massif d’entreprises, dans le secteur financier, et d’expertise dans ce domaine vers les autres capitales européennes, le tout se matérialisant en 2018. Voilà une «perturbation» qui aura des conséquences majeures sur l’économie globale dans l’année à venir.

Ainsi, avec le recul, constatant le fait que l’Angleterre n’a jamais vraiment adhéré au «rêve européen» et n’a jamais participé à la construction d’une Europe solide, puissante et unifiée, est-ce que les européens ont endossé une sage décision, en 1975, en permettant à l’Angleterre d’intégrer l’Europe tout en lui consentant des avantages uniques au sein de celle-ci?

Le general Charles de Gaulle, president francais, pendant une conference de presse, le 27 novembre 1967 — French president Charles de Gaulle, during press conference on october 28, 1967

Ce qui nous amène à cet article du Figaro qui nous relate les vétos constants du général de Gaulle à l’entrée de l’Angleterre dans l’Union européenne, sans doute une prémonition de ce qui surviendrait anticipant une adhésion suivie d’une sortie de l’Europe, ayant entretemps bénéficié d’avantages importants au détriment d’autres pays adhérant au rêve européen.

http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2017/11/27/26010-20171127ARTFIG00054-il-y-a-50-ans-le-general-de-gaulle-s-opposait-a-l-entree-de-l-angleterre-dans-la-cee.php