Hydro-Québec: y a-t-il un pilote dans l’avion?

Ayant poursuivi ma carrière à Hydro-Québec et, notamment, les 20 dernières années à l’IREQ (le centre de recherche d’Hydro-Québec), j’ai toujours été à l’avant-plan des enjeux énergétiques du Québec et, à l’occasion, critiqué les choix du gourvenement (et d’Hydro-Québec) qui voulaient l’amener dans des «terres infertiles».

A cet égard, rappelons-nous les faits d’arme édifiants d’André Caillé (et de son éminence grise Thierry Vandal, grand ami du Chef de cabinet du PM à l’époque et qui était le stratège derrière les «visées d’affaire» avancées par son patron) lequel avait pris la décision de mettre fin à la construction de centrales hydroélectriques pour tout miser sur des centrales au gaz naturel.

On connaît la suite: pendant 3 années, blocage sur tout projet de nouvelle centrale hydroélectrique et, lorsque la demande en électricité est devenue croissante, eh bien on a lancé en catastrophe la centrale de Bécancour. Pour réaliser par la suite que nous disposions de généreux surplus et que la construction de cette centrale avait été une erreur résultant de «l’improvisation» des dirigeants d’Hydro-Québec.

Précisons que cette centrale ne fonctionne que quelques jours dans l’année et qu’elle nous coûte une fortune afin de compenser l’entreprise qui en est propriétaire: un vrai fiasco. Imaginons combien d’hôpitaux et combien d’écoles auraient pu être aménagées/améliorées avec les sommes importantets versées à titre de pénalité.

Imaginons si, en plus, nous avions donné le feu vert à André Caillé (et Thierry Vandal) pour construire la centrale du Suroît: 800 M$ gaspillé inutilement… J’estime, avec l’aide de Daniel et de quelques autres, avoir bien mérité ma rente de retraite pour nous avoir évité un tel gâchis. Mais l’à n’est pas l’objet de mon propos…

Ainsi, depuis le «grand dérangement» mis en place par André Caillé lors de la restructuration de notre maché de l’électricité, nous avons hérité depuis l’an 2000 d’une Hydro-Québec morcelée en 3 divisions, dont la division Production «propriétaire» de nos centrales hydroélectriques. Par ailleurs, depuis ce temps, sous la gouverne de Thierry Vandal, Hydro-Québec a ajouté les centrales de Toulnoustouc, de la Romaine et d’Eastmain au parc de production électrique. Le bilan de tout ceci: des énromes surplus que nous n’arrivons plus à écouler – à vendre – sur les marchés voisins.

Alors, que faire de ces surplus puisque, entretemps, on doit quand même «payer l’hypothèque» sur ces nouvelles centrales? Des sommes importantes à rembourser simplement au titre de la dette sur ces nouveaux actifs.

A ce moment-ci, Hydro-Québec a choisi l’option d’écouler ses surplus sur le marché ontarien (à bon prix, ce qui va soutenir le secteur industriel ontarien en lui fournissant l’électricité dont il a besoin, au détriment de notre propre secteur industriel qui pourrait bénéficier de tarifs réduits) ou encore exporter les surplus sur le marché américain.

Mais voilà, les nouvelles contingences environnementales et sociétales sont telles qu’il devient à peu près impossible de construire de nouvelles lignes de transport d’électricité pour y exporter nos surplus. Alors, que fait-on? Vendre encore plus nos surplus, à bas prix, sur le marché ontarien?

Mais il y a bien mieux à faire… notamment attirer chez nous des «data center» grands consommateurs d’électricité et qui recherchent des sites nordiques pour s’y installer. Je joins à cette chronique des photos extraites d’une présentation disponible sur le site ZDNet.

http://www.zdnet.com/pictures/the-nordic-datacenter-boom/

Ainsi, dans la première illustration, on y aperçoit la localisation de sites qui ont été mis en service en Europe pour accueilir les «data center» d’Amazon, d’Apple, de Microsoft et les autres. Edifiant. Et la seconde illustration nous présente un aperçu du site de Facebook situé à Lutea, en Suède, installé dans un environnement nordique où les besoins en refroidissement/climatisation de ces grands consommateurs d’électricité sont grandement diminués.

Alors, il me semble évident que, plutôt que de pourchasser des moulins à vent comme s’employait à le faire Don Quichotte, alors que nous disposons d’électricité abondante, à bon prix et que nous sommes localisés dans un environnement nordique, nous devrions mettre en place une politique agressive afin d’inciter de telles entreprises à établir, chez nous, leurs «data center». Et ainsi écouler, à bon prix et avec un minumum de contingences, les énormes surplus dont nous disposons.

Mais sans doute s’agit-il là d’une solution tellement simple qu’elle échappe à l’attention des dirigeants d’Hydro-Québec…