« The War on Cash has begun »

Pour peu qu’on s’y intéresse, le monde de la finance est fascinant… surtout qu’il a un impact sur notre vie de tous les jours. Et les développements récents devraient nous inciter à examiner ce qui se passe avec les cryptomonnaies, notamment le bitcoin et tous ses dérivés (ethereum, litecoin,…).

En premier lieu, quiconque a déjà voyagé connaît les nouvelles règles mises en place pour éviter le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale, soit l’obligation de déclarer tout montant > 10 000 $ que l’on amène avec soi durant le déplacement. Au risque de se faire confisquer ce montant et de se retrouver devant les tribunaux si on n’en fait pas la déclaration au moment de l’inscription…

Evidemment, cette mesure a été mise en place pour des motifs louables (éliminer le blanchiment d’argent et contraindre l’évasion fiscale) mais, très bientôt, même si la déclaration n’en sera pas obligatoire et concernerait des avoirs < 10 000 $, si on vous soupçonne de… eh bien tout cela pourra être saisi et confisqué. Non seulement les avoirs « liquides » mais également les pièces/bijoux en or/argent, les cartes de crédit créditées d’un montant, les oeuvres d’art,… Voilà ce dont nous informe une chronique parue sur le site GoldCore:

New Rules For Cross-Border Cash and Gold Bullion Movements

Mais, on dira qu’il s’agit là de mesures encore plus efficaces pour contrer le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale. Est-ce vraiment le cas?

A l’évidence, les « grandes fortunes » et les gens malfaisants continueront à utiliser des firmes d’avocat/intermédiaires financiers pour déplacer leurs avoirs, d’un pays à l’autre, en toute discrétion. Quant aux malfaisants, ils ont déjà leurs canaux bien établis pour « régulariser » les argents issus de la criminalité. Ces mesures ne les concernent aucunement.

Alors, qui « aura à vivre » avec ces nouvelles mesures en application sous peu? Les « citoyens ordinaires » alors que, par ces nouvelles restrictions et d’autres mesures, les autorités pourront mieux gérer les avoirs /activités bancaires/financières des résidents et éviter des « bank run » en cas de crise économique (seconde illustration de ce commentaire).

A cet effet, rappelons-nous les crises financières de 2013 (Chypre) et 2015 (Grèce): pour sauver de la faillite les banques chypriotes, la Banque centrale européenne (BCE) a ordonné à ces banques de geler les actifs des déposants et de saisir tous les dépôts bancaires > 100 000 Euros, sans autre compensation. Et, en ce qui concerne la Grèce, pour « convaincre » le gouvernement d’adopter les mesures d’austérité décidées par la BCE, le FMI et la Banque mondiale, consigne fut donné aux banques grecques de limiter les retraits/opérations bancaires à 60 Euros par jour, ce qui a fortement pénalisé les entreprises pratiquant le commerce à l’étranger. On connaît la suite: ces gouvernements ont dû se plier à des mesures qui étaient, pourtant, rejetées par la majorité de la population.

Qui plus est, les gouvernements de ces pays n’avaient aucun contrôle sur leurs banques « locales » puisque, depuis leur entrée dans la zone euro, les banques centrales des pays membres de la zone ainsi que les banques « locales » ont été placées sous l’autorité de la BCE, sans pouvoir d’intervention des gouvernements respectifs.

Or, ces mesures d’exception sont sur le point d’être formalisées puisque le parlement européen entend adopter, sous peu, une législation donnant « pleine autorité » à la BCE pour agir sur les institutions financières et bancaires dans une situation de crise appréhendée, comme en témoigne cet article du magazine Forbes:

Grèce : Entre Dette Insoutenable Et Retour Sur Les Marchés Obligataires

Ainsi, il apparaît évident que les banques centrales (FED américaine, BCE européenne, Banque du Canada,…) disposent ou disposeront sous peu de moyens importants pour geler les actifs des épargnants ou, encore, si la situation le prescrit, de les saisir afin d’éviter l’effondrement du système bancaire et financier. Tel que ce commentaire a été intitulé, les banques centrales et les institutions financières seront dotées d’outils afin de contrôler toutes les facettes des mouvements de capitaux et, au premier plan, être en mesure d’éliminer/restreindre la circulation de « ‘l’argent liquide » et limiter le crédit dans nos sociétés:

« The War on Cash has begun! »

Alors, que faire pour éviter que l’emprise des banques centrales et des institutions financières ne soit totale sur le système financier et sur nos avoirs?

Bien sûr, une des options consiste à conserver « dans un lieu sûr » des « avoirs » qui pourraient être utiles le cas échéant, que ce soient des liquidités « en monnaie » ou encore des avoirs d’autre nature. Evidemment, les conserver à l’extérieur de coffrets bancaires dont l’accès serait interdit en cas de crise économique. Voilà parmi les précautions de base suggérées parmi les 5 règles jointes à ce commentaire.

Mais il y a également la « bête noire » des gouvernements et des banques centrales, soit les cryptomonnaies dont le bitcoin est la « monnaie » la plus connue…

En effet, au-delà de l’effervescence et de la spéculation dont elles font l’objet en ce moment, les cryptomonnaies ont l’avantage indéniable qu’elles ne sont contrôlées par aucun gouvernement ou banque centrale ou institution bancaire qui pourraient les « moduler » selon les besoins du moment. Puisque les détenteurs de cryptomonnaies ont leurs deniers inscrits dans des « registres informatiques » disséminés partout sur la planète et auxquels « aucune autorité centrale » ne peut avoir accès ni en restreindre les échanges financiers.

Imaginez si, en 2013, les grecs avaient disposé de comptes en cryptomonnaies, avec leurs épargnes inscrites dans des registres informatisés disséminés à l’extérieur du pays, qui leur auraient permis de faire des achats ou de retirer des liquidités sans aucune contrainte? Voilà qui aurait changé la donne quant aux pressions exercées par la BCE pour instaurer des mesures d’austérité en Grèce. C’est la raison pour laquelle les autorités bancaires craignent la prolifération à grande échelle de ces nouveaux instruments financiers dont le contrôle leur échappe.

A ce moment-ci, il n’y a qu’à espérer que la spéculation entourant les cryptomonnaies n’amène l’effondrement de ce nouveau système bancaire et qu’elles deviennent de véritables « monnaies » servant aux besoins de tous les jours.

C’est à espérer.

Pour ne savoir davantage sur les cryptomonnaies, à lire l’excellente « vulgarisation » qu’en fait George Friedman sur le site Geopolitical Futures:

https://geopoliticalfutures.com/what-is-bitcoin/