Qu’il est bon de ne pas être américain!

Le présent commentaire ne portera pas sur les « décisions douteuses » du président Donald Trump (il y en aurait trop comme le fait de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israel, comme le fait de mettre fin aux accords commerciaux et aux règles de l’OMC,…) mais s’avère un commentaire sur la classe moyenne américaine par rapport à celle que l’on retrouve au Canada et en Europe de l’Ouest. A cet égard, selon les données et selon mon expérience, nous sommes infiniment mieux de ne pas être américain…

En premier lieu, une mise en contexte: de l’importance et de la « richesse relative » de la classe moyenne dépend la stabilité dans nos sociétés. A cet effet, lorsqu’on examine l’histoire, force est de constater que la Révolution française est née d’une classe moyenne qui n’arrivait plus à « vivre minimalement » alors que les bien nantis, eux, jouissaient de niveaux de vie élevés et de privilèges auxquelles elle n’avait pas accès.

Et cela, sans même comptabiliser la population à faibles revenus laquelle vient ajouter son poids aux doléances de la classe moyenne. Un tel phénomène n’est pas exclusif à la France puisque les mêmes fondements ont été à l’origine de la révolution russe en 1917.

Bref, lorsque la classe moyenne jouit de « revenus décents » lui permettant de répondre à ses besoins de tous les jours et d’avoir accès « équitablement » à la richesse collective, la stabilité dans une communauté est assurée. A contrario, sans cet équilibre, le fondement des révolutions connues à ce jour.

Alors, qu’en est-il de la classe moyenne américaine par rapport à celle que l’on retrouve dans les économies développées? Eh bien, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient…

Ainsi, lorsqu’on analyse le tout sous l’angle du PIB, le citoyen américain jouit, en moyenne, d’un revenu plus élevé que le résident canadien ou de celui d’un quelconque pays européen, alors qu’on établit le ratio entre les revenus totaux du pays visé divisés par la population. A cet égard, le citoyen américain arrive en tête de liste. Mais, lorsqu’on va au-delà de cette simple règle arithmétique, les choses prennent un sens différent.

Cela me rappelle mon retour en train il y a quelques années dans le trajet New York – Montréal: dans la campagne américaine et dans les « small town usa », je constatais avec étonnement l’état de délabrement des résidences sans entretien, sans jardins fleuris, et les centre-villes datant d’une « autre époque ». Alors que, dès la frontière franchie, les résidences en terre québécoise étaient bien entretenues, peinture fraîche, abondance de fleurs,… ce qui m’a amené à réfléchir sur le fait que, aritmétiquement, l’américain moyen avait des revenus supérieurs aux nôtres mais que la « réalité du quotidien » était toute autre.

Ainsi, si on escompte le fait que nos états dits « socialistes » (selon le point de vue des dirigeants américains) nous fournissent nombre de services à la collectivité – assurance maladie, assurance médicaments, garderies à prix réduits,… -, force est de constater que le revenu net – après dépenses courantes – est supérieur chez nous à ce qu’il est aux Etats-Unis pour le citoyen « moyen ». A preuve un analyste financier qui faisait état de primes annuelles de 19 k$ pour souscrire une assurance maladie pour lui et ses deux garçons jeunes adultes: stupéfiant! Sans compter toutes les autres charges à supporter pour assumer une qualité de vie « normale » comme celle que nous connaissons.

Cela étant, il appert que 50% des américains ne sont pas en mesure de faire face à une dépense imprévue de 400 $ sans devoir s’endetter ou quérir de l’aide auprès de parents et d’amis. C’est ce que nous révèle un article du Washington Post de juin 2015, une constatation surprenante:

https://www.washingtonpost.com/news/the-fix/wp/2015/06/03/tnearly-half-of-americans-say-they-cant-afford-an-unexpected-400-expense

Au surplus, ces statistiques démontrent le fait que 27% des ménages ayant des revenus > 100 k$ ne pourraient faire face à un imprévu de 400 $ sans s’endetter, ce qui est éloquent.

Cet appauvrissement constant de la classe moyenne résulte de salaires « réels » (hors effet de l’inflation) qui ont stagné depuis les 15 dernières années et explique en partie l’appauvrissement constant de la classe moyenne aux Etats-Unis. Au surplus, lorsqu’on y intègre les effets de l’inflation, cela devient catastrophique. Mais, qu’en est-il de la classe moyenne américaine par rapport aux résidents des pays de l’Europe de l’Ouest?

A ce propos, une excellente analyse nous est proposée par Time magazine où il appert que, depuis 1991 et à l’image d’autres pays européens, les revenus de la classe moyenne sont en décroissance, le revenu moyen américain se retrouvant néanmoins en queue de peloton des économies avancées:

http://time.com/money/4812741/income-inequality-middle-class-us-europe/

Ainsi, tout cela explique les motifs pour lesquels les américains ont porté à la présidence Donald Trump qui avait fait promesse d’une redistribution plus équitable de la richesse collective au bénéfice de la classe moyenne.

Une promesse tenue… avec l’adoption récente d’un budget qui privilégie nommément le groupe ayant les plus hauts revenus…