La Caisse de dépôt et placements du Québec affiche un rendement de 5%

Non, il ne s’agit nullement d’une «fake news» mais de l’intitulé d’une chronique du journal Les Affaires dans son édition du 11 août dernier: «La Caisse de dépôt affiche un rendement de 5%» peut-on y lire s’agissant des résultats de la Caisse au 30 juin 2017:

La Caisse de depot affiche un rendement de 5% – Les Affaires – 2017-08-11

Mais, alors, comment la Caisse peut-elle faire état d’un rendement de 9,3 % au 31 décembre dernier, une variation aussi importante en peu de temps? «La bourse, mon cher Watson, la bourse bien évidemment».

Un rendement très intéressant louangé par tous

A l’évidence, avec le rendement global énoncé par la Caisse pour son dernier exercice financier, peu de médias osent contester de tels résultats et daigner en faire une analyse plus détaillée. Alors que, en moins de 6 mois, le rendement global de la Caisse a presque doublé dans un court laps de temps. Ce qui nous amène à analyser les paramètres à l’origine d’un tel revirement.

A noter que, dans l’ensemble des actifs de la Caisse:

  • les actifs à revenus fixes (obligations gouvernementales, obligations émises par les entreprises) garantissent tant le rendement que la récupération du principal à l’échéance de celles-ci: ce sont donc des placements garantis à 100 % mais qui génèrent peu de rendements, 3,2% en l’espèce durant la dernière année
  • les actifs réels (immobilier commercial et actifs similaires) sont des actifs «relativement sûrs» en ce sens que, même en cas de crise financière, à terme ces actifs retrouvent généralement leur valeur d’origine, un rendement de 4 % dans le bilan présenté par la Caisse
  • les actifs consistant en actions s’avèrent généralement des actifs ayant un bon rendement (notamment dans un marché haussier tel que celui que l’on connaît depuis la crise financière de 2008) mais comportant un niveau de risque fort élevé

A l’évidence, les actifs consistant en actions boursières sont les actifs ayant généré les meilleurs rendements pour la Caisse, à hauteur de 13,6 % pour le dernier exercice financier. Cependant, le résultat des actions boursières (17,6 G$) s’avère uniquement des profits «sur papier» et ce n’est que lorsque ces actifs sont liquidés qu’ils génèrent de véritables profits, pour peu que le marché boursier soit «favorable» au moment de la liquidation.

La très – trop – forte dépendance de la Caisse aux fluctuations de la bourse

Avec un portefeuille à hauteur de 50,1% investi dans le marché boursier, en vue d’analyser les effets du marché boursier sur les rendements – passés et futurs – de la Caisse, une compilation a été établie en estimant une valeur «probable» des actifs boursiers de la Caisse au 30 juin dernier (en vue de produire le rendement de 5 % rapporté dans la chronique du journal Les Affaires) et en estimant le rendement global de la Caisse si le «mini-crash» survenu en février s’était produit durant les 2 dernières semaines de l’année 2017. Ce qui nous est présenté dans la compilation suivante:

Ces scénarios sont basés sur le fait que la valeur des actifs à revenu fixe ainsi que celle des actifs réels s’est maintenue constante depuis juin 2017 à ce jour, ces actifs s’avérant des placements dont la valeur varie peu dans un court laps de temps.

Ainsi, la variabilité des rendements de la Caisse, entre juin et décembre 2017, ne s’explique que par une forte variation de la valeur des actions boursières et démontre, de façon relativement probante, la très grande dépendance des résultats de la Caisse vis-à-vis de «l’état de santé» du marché boursier.

La Caisse: gestionnaire de placements au profit de régimes de retraite

Il importe de préciser le fait que, dans son mandat, la Caisse est le «gestionnaire» des avoirs des régimes de retraite publics – employés du gouvernement du Québec, élus provinciaux et municipaux, policiers de la SQ,… – et que, puisque ces régimes dépendent de la «prévisibilité future» des rendements escomptés sur leurs avoirs, allouer 50 % de ces avoirs dans le marché boursier pourrait en amener d’aucun à conclure que la Caisse, tenant compte des faibles rendements dans le marché obligataire durant les dernières années et tenant compte du fait qu’elle doit «garantir» à ses souscripteurs des rendements adéquats afin qu’ils remplissent leurs obligations vis-à-vis les retraités, assume des risques trop élevés en investissant une partie aussi importante de son portefeuille dans le marché boursier.

Cela étant, tel que l’illustre le «mini-crash» de février dernier, une correction boursière de 10 % induirait à elle seule une baisse du rendement global de 1,1 % (8,2 % vs 9,3 %) et des résultats amputés de 1,9 G$. Voilà qui exprime assez clairement la trop forte dépendance de la Caisse envers le rendement associé au marché boursier.

Ainsi, tenant compte de la reprise dans le marché obligataire qui s’amorce avec le redressement des taux directeurs pratiqués par la FED et la Banque du Canada et tenant compte du repli des investisseurs chinois dans le marché immobilier «de prestige» qui se manifeste à New York et à Londres, il serait avisé que la Caisse réalloue une partie significative de son portefeuille vers des placements présentant de meilleures garanties de stabilité dans les années à venir.

 

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