Chine – Etats-Unis: mêmes enjeux dans une contexte économique différend selon la métrique SEEDS

Dans la guerre commerciale qui se mettra en place dès le 6 juillet, les Etats-Unis entendent imposer des tarifs et des quotas touchant plusieurs produits exportés par la Chine sur son territoire. Et la Chine agira de manière réciproque dans les jours et semaines qui suivront.

Par ailleurs, au niveau canadien, des mesures de rétorsion ont été mises en vigueur le 1er juillet et, s’agissant des mesures visant le secteur automobile, le fabricant automobile GM met en garde l’administration américaine sur les effets pervers que de telles mesures auraient sur l’emploi aux Etats-Unis:

General Motors appelle Trump a reviser ses taxes sur l’automobile – Le Point – 2018-07-03

Cela étant, malgré les «mises en garde» exprimées par les secteurs financier et industriel, force est de constater que le président Donald Trump n’a guère le choix que d’ériger les barrières tarifaires afin de maintenir et créer des emplois aux Etats-Unis.

Et que sa contrepartie chinoise est également soumise aux mêmes impératifs que le président américain.

Donald Trump – Des engagements envers la classe moyenne qui laissent peu de marge de manoeuvre

Au-delà des prises de position controversées du président américain sur plusieurs dossiers – déménagement de l’ambassade à Jérusalem, séparation des familles lors de l’immigration, refus de condamner les actes de tuerie,… -, l’engagement principal sur lequel il a établi la gestion des dossiers économiques repose sur un engagement incontournable:

«Make America Great Again»

ou, traduit en concepts simples, rétablir la prospérité pour la classe moyenne.

Ainsi, l’analyse du graphique précédent indique que, alors que 90% des américains se partageaient 36% de la richesse collective en 1985, ils ne se partgagent plus que 23% de celle-ci aujoud’hui. Une chute vertigineuse qui touche la classe moyenne et les classes moins fortunées alors que les biens nantis – 0,1% de la population – ont vu leurs actifs augmenter pour atteindre 22% de la richesse collective durant les dernières années. Bref, 10% de la population se partage 77% de la richesse et 0,1% des américains s’attribue 22% de celle-ci à eux seuls.

Bref, la richesse n’est plus partagée équitablement au sein de la population et explique la «rancoeur» de nombreux américains qui en imputent la situation aux accords de libre échange et à la mise en place de la mondialisation par l’élite financière et manufacturière du pays.

Par ailleurs, lorsqu’on examine la situation sous l’angle des revenus familiaux, le graphique suivant permet de conclure que 60% des ménages ont vu leurs revenus diminuer depuis le maximum atteint en 1998. Tenant compte de l’inflation, les revenus «nets» affectés à l’achat des biens et services de tous les jours ont diminué dans une proportion encore plus significative.

Il apparaît donc évident que le président Donald Trump, au-delà des gestes «inconsidérés» qu’il pratique en géopolitique, n’a guère d’autre choix que de lancer des réformes commerciales «profondes» s’il espère changer la situation – et assurer sa réélection future -, malgré les risques liés à l’emploi aux Etats-Unis par les actions posées à l’égard de ses partenaires commerciaux.

La survie du Partic communiste chinois – et de son dirigeant Yi Jinping – dépend également d’une augmentation de la prospérité

Une analyse très détaillée tant du contexte américain que du contexte chinois nous est proposée par le Dr. Tim Morgan – ex-négociant sur le marché des changes pour un courtier londonien – dans son analyse fondée sur la métrique économique SEEDS:

2018-07-02 – #130 Grand Bargains, dangerous choices – Tim Morgan – Surplus Energy Economics

Ainsi, le Dr. Morgan nous fait part de son évaluation tant de la situation américaine que celle qui caractérise la Chine:

En résumé, le «contrat social» établi entre la population et les dirigeants chinois – à l’effet d’autoriser un système politique basé sur un parti unique (sans élections) en contrepartie de restrictions sur les libertés individuelles – repose essentiellement sur une augmentation constante de la prospérité collective et, notamment, sur la croissance continue des emplois.

Voilà donc l’impératif incontournable qui gouverne les autorités chinoises et qui conditionnera les options exercées par la Chine dans l’affrontement commercial qui se dessine à court terme.

La métrique SEEDS: une métrique qui va au-delà des évaluations économiques basées sur la croissance du PIB

L’approche singulière développée par le Dr. Morgan afin de mesurer la situation économique réelle intègre des éléments d’importance qui ne sont pas intégrées dans les seules analyses basées sur le PIB.

Ainsi, le niveau d’endettement n’est pas pris en compte dans les analyses des paramètres spécifiques à tel pays et, qui plus est, la disponibilité d’énergie «abondante et à bon prix» – véritable métrique de l’économie – n’intervient nullement dans les analyses.

A titre d’exemple, l’endettement corporatif américain (hors finance) qui consiste, pour les entreprises, à s’endetter massivement depuis 1997 (afin de mieux rémunérer les actionnaires en diminuant le nombre d’actions en circulation via des programmes de rachat d’actions)