Bombardier: l’investissement du gouvernement du Québec aura servi à créer 400 emplois en Alabama et supprimer 2 500 emplois au Québec!

Dans toute la « saga » entourant la Série C, plusieurs éléments – d’importance – sont passés « sous le radar ». Non pas que ces éléments n’aient pas été mis en évidence dans les médias mais le « fouillis complet » quant à la gestion de la nouvelle filiale CSALP, depuis l’investissement du gouvernement du Québec en octobre 2015, a laissé plusieurs éléments d’importance « obscurcis » dans l’ensemble de événements.

Ainsi, dans la mesure où Bombardier a fait l’annonce d’une nouvelle ligne d’assemblage pour les avions de la Série C – « oh pardon » maintenant dénommés Airbus A100 et A 300 – à Mobile en Alabama, il importe de suivre la chronologie de l’investissement du gouvernement du Québec dans la filiale CSALP mise sur pied en octobre 2015.

La Séric C: de 2008 à ce jour

Le tableau suivant présente une synthèse des faits saillants entourant le développement de la Série C et l’investissement consenti en octobre 2017 par Airbus – 1$ pour une prise de participation à hauteur de 50,01% dans l’actionnariat de CSALP -, avec la prise de contrôle « complète » sur l’ensemble des opérations entrée en vigueur le 1er juillet 2018.

L’investissement du gouvernement du Québec aura servi à payer les créanciers et injecter des liquidités dans l’encaisse de la filiale CSALP

Nul doute que l’investissement du gouvernement du Québec, à hauteur de 1 G$ US, aura servi tant à rembourser les créanciers liés au développement de la Série C qu’à augmenter les liquidités dans la nouvelle filiale CSALP – détenue conjointement par le « holding Bombardier » et le gouvernement du Québec – afin d’assurer sa survie à court terme.

Et, à ce moment-là, « tous » avaient l’impression que cet apport de liquidités serait assortie de clauses garantissant tant le maintien des emplois au Québec que l’expansion future de ces activités, au bénéfice des entreprises et emmployés associés à ce projet.

Un investissemnet de 300 M$ à l’usine d’Airbus à Mobile (Alabama) énoncé dès novembre 2017

Or, dès novembre 2017 – moins d’un mois après la rétrocession de 50% de l’actionnariat à Airbus -, une chronique du quotidien Montreal Gazettte fait état du fait que la filiale entendait investir 300 M$ pour mettre sur pied une nouvelle ligne d’assemblade (pour les avions de la Série C) à l’usine d’Airbus localisée à Mobile, Alabama:

Bombardier to spend $300M on C Series assembly line in Alabama – Montreal Gazette – 2017-11-08

Au surplus, sans qu’aucune garantie ne soit énoncée quant au maintien des emplois au Québec, une « indication » à l’effet que, lors de l’investissement du gouvernement du Québec en octobre 2015, celui-ci n’avait pas jugé « utile » d’inclure des clauses garantissant la pérennité des activités au Québec.

L’aménagement d’une ligne d’assemblage « mis en application » dès la « prise de contrôle » de la filiale par Airbus

Juillet 2018: lors d’une conférence d’information tenue avec des fournisseurs et représentants de l’industrie à Mobile (Alabama), le vice-président de la filiale CSALP – Rob Dewar – tenait les propos suivants:

Et d’ajouter concernant la construction imminente de la nouvelle ligne d’assemblage:

Bombardier – New assembly line construction planned for later this year – Fox News – 2018-06-27

Un investissement structurant pour le Québec: l’argent investi par le gouvernement aura contribué à créer des emplois… en Alabama

Toujours selon les propos rapportés par Fox News, Scott Hamilton – de la firme de consultation en aéronautique Leeham Company – a mis de l’avant des projections quant aux emplois « directs » qui seraient associés à la nouvelle ligne d’assemmblage des avions de la Série C:

Un énoncé quant aux emplois futurs qui seront subventionnés par le gouvernement du Québec – via les liquidités injectés dans la filiale par celui-ci en octobre 2015 – alors que Bombardier (division aéronautique) s’apprêtait à annoncer le licenciement de 5 000 employés dans ses usines au Canada et en Irlande du Nord…

« L’épée de Damoclès » sur les actionnaires du « Holding Bombardier » – Une bonne entente pour les actionnaires de Bombardier?

Les liquidités dont dispose la filiale CSALP, depuis sa prise de contrôle « effective » par Airbus en juillet 2018, consistent essentiellement dans les apports financiers consentis par le gouvernement du Québec en octobre 2015. Et ces liquidités – en totalité ou en partie – seront utilisées afin d’aménager la nouvelle ligne d’assemblage des avions Série C à l’usine d’Airbus en Alabama, Airbus détenant dorénavant le contrôle « absolu » sur les destinées de cette filiale.

Or, il est loisible de présumer que ce nouvel aménagement aura pour effet de réduire substantiellement les liquidités et que, à terme, elle ne requiert de nouveaux apports financiers afin de maintenir et augmenter les facilités de production des avions Airbus A1000 et Airbus A300. Ou qu’Airbus ne prenne des « décisions d’affaire » – concernant cette filiale – à son avantage et au détriment des actionnaires de Bombardier via les « clauses de protection » inscrites dans l’entente conclue en octobre 2017.

C’est ainsi que le « holding Bombardier » – et ses actionnaires – pourraient être mis à contribution afin d’injecter de nouvelles liquidités dans la filiale CSALP, à hauteur de 700 M$ durant les 3 prochaines années, comme en témoigne cet extrait paru dans le quotidien Montreal Gazette en 2017:

Bombardier to spend $300M on C Series assembly line in Alabama – Montreal Gazette – 2017-11-08